Interview de Madame Cousse, extraits

Publié le par etecelestealombez

 

Bandeaux interview

 

Pof! ça a tellement changé. Y'avait des fêtes à l'église, c'était vivant encore. Ils veulent le recommencer mais pfff... C'est plus difficile. Entre notre jeunesse et maintenant, oui. c'est pas la même vie.

 

A la mort de papa, on lui a sorti, à maman, du jour au lendemain le droit du bureau. Elle la presse, sa maison de presse, c'est mes filles qui le tiennent maintenant. Et moi je me suis mariée avec un boulanger qui habitait ici, une vieille famille lombézienne, une très très vieille famille. Je vous ferai voir ce que j'ai gardé, parce que j'a été veuve très jeune.

 

Eh ben oui, j'avais 36 ans. Mon mari était rentré 9 ans avant de prisonnier. On venait de se marier dans la guerre. Prisonnier 5 ans, il revient , on s'y remet, moi je l'avais continuée avec tout le personnel. J'avais pas d'enfant à l'époque. Pour en revenir à ce que je voulais dire, j'ai repris la boulangerie avec mon mari qui est revenu mais qui est mort 10 ans après d'un cancer..

 

J'ai repris, seule mais j'avais mes deux petites gosses : deux filles, il en était fou. Je souhaiterais jamais à personne de vivre avec quelqu'un qui attend la mort, avec le cancer.

 

Ma seconde fille a pris la suite de ma sœur; à la maison de presse, librairie, et moi je suis restée à la maison là. Je pouvais vendre. Ma maison, c'est une très vieille maison Cousse, j'allais pas leur vendre la maison, d'une très ancienne famille, quoi. C'est ça la vie, quoi. La boulangerie, elle était ici, là c'était le magasin, et je vous ferai voir après là où travaillaient les ouvriers.

 

Et moi je faisais les tournées. Avec la voiture, je partais le matin jusque dans l'après-midi. Le permis, je l'ai eu en 39. J'étais la première de la guerre, j'étais pas trop bien vue, hein, j'étais ici la première femme à avoir le permis. J'avais une peugeot. Parce que la maison Peugeot ici, c'était un grand copain de mon mari, alors on n'avait pas des Renault, hein?

 

alors ça change tout, quoi. La Saint Majan, c'est le dernier dimanche de mai. Y'avait la bénédiction des enfants; on montait à la chapelle là-haut, avec des fleurs, en procession on jetait les fleurs et on redescendait à la cathédrale. Et à la cathédrale, c'était la bénédiction des enfants....Oui, c'était pour la St Majan, jusqu'à 10 ans, des jeunes enfants.

 

Mais de Lombez, vous en avez déjà vu, des gens?

 

Comme y'avait autrefois la fête-Dieu ... avec le reposoir. Au mois d'août, y'en avait un en face, je me rappelle, à la cathédrale, pareil, y'a des orgues magnifiques. Ils sont repartis quand même, là.

Ils y font des concerts, les orgues ont été refaites.

 

Y'avait beaucoup de commerces, Y'avait beaucoup de commerces, comme activités, non, pff. Y'avait la coopérative, y'avait la coopé, pff, c'est tout. Y'avait beaucoup de commerçants. Ici mes parents ont été les premiers à être sur le boulevard; avant, c'était tout dans le centre, tout dans le centre, alors que maintenant, le centre s'est vidé et les commerces sont sur le boulevard.

 

Alors pour st Majan on faisait la main de st Majan parce que.... le corps de St Majan..., du côté de Béziers. Ici on n'a eu que le bras; et la main de St Majan, le doigt de st Majan ...alors au lieu de faire un tourteau rond on faisait la main. Et chez les amis et les voisins en communion, on portait comment dirai- je, un souvenir de communion et une main de St Majan. Tandis que maintenant je crois que si, il la fait , mais c'était une recette de famille.

 

Il était tout le temps à la boulangerie avec les ouvriers, et là il a été tué à Meilhan, il a été tué à Meilhan et j'avais un de mes cousins qui était instituteur à Mespon et il a été tué à Meilhan. et après... il y a en 3 d'ici qui ont été tués à Meilhan.

 

Et la veille...la veille qui sont partis, j'étais là haut au magasin j'étais devant la porte, et donc il y avait Jacques là, mon cousin, ils étaient et ils sont venus m'embrasser en me disant:" tu sais on part on part demain matin alors je leur ai dit:" eh bè à bientôt". je les vois encore les pauvres.

 

L'officier allemand a été sublime disons; il a dit: il faut savoir d'où venait le coup de fusil. Et ils s'étaient tirés dessus les allemands alors du moment que ce n'était pas un Français qui a tiré ils ont lâché les otages, et là ils sont repartis et bientôt après. On a eu cette chance eh! Si ça avait été un gars...le gars était honnête quoi dans son boulot!

 

Elle dans la misère noire, alors, vous savez la misère, ce que c'est... Alors les voisins leur portaient de quoi manger, lui aidaient, quoi. C'était vraiment ... elle avait absolument rien. Et moi je voyais maman qui traversait souvent, et une fois, je lui dis: "mais c'est nouveau maintenant, pour traverser la route, tu serres ta main?" Bon, alors évidemment... elle me l'a dit. Maman lui donnait de l'argent.

 

Non, j'y suis allée la semaine dernière avec ma fille, elle m'a dit :"Tiens, on va aller faire un tour, mais je lui ai dit, écoute, moi, j'y reviendrai pas, y'a des rues partout et les gens qui y sont, on les connaît pas".

 

la façade est très belle mais la charpente est bouffée par les termites! ah! ah! ah! Je suis bouffée de partout.

 

"Là où vous voyez du noir, y'a plus rien."

 

 

 

 

Publié dans TEXTES DE GENEVIEVE

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