Lombez retraversée

Publié le par etecelestealombez

 
 

LOMBEZ

RETRAVERSEE

 

 

Même l’avion a un son de tracteur.

Furtif le chat gris furtive la silhouette aussitôt disparue

A-t-elle même existé ? Ont-ils existé les emmurés de la cathédrale ?

 

Tu seras accompagné du cliquetis de ton agrafeuse

Depuis des jours tu rebâtis

Patiemment

Avec endurance

 

Sifflent les martinets légers et vifs

Tu scies aussi

Invisible

 

Qui repose au pied du pilier à la dalle ?

L’émir nous la donnera-t-il transparente ?

 

Il est loin le temps des croisades où l’on partait te trucider. Aujourd’hui on te cherche, on t’appelle, on te désire. Offre-nous cette dalle, cette cage de verre.

Nos yeux retourneront au temps d’avant l’ensevelissement.

 

Il a monté, le sol d’ici.

Qui gît-là ?

 

Nos yeux veulent le voir

Nos yeux notre mémoire

Tu sais, celle qui nous trompe sans cesse

Nous abandonne quand on l’appelle

Y’en avait un en face.’

Je me souviens, ils sont venus au magasin nous dire à bientôt.

 

Il est là quand elle le dit.

Il EST là. La mort ne lui est pas venue encore. C’est un jeune homme c’est son cousin.

Il EST là.

 

Bavarde l’aide-ménagère.

Le chat gris sort par la fenêtre.

L’agrafeuse a repris ses coups.

On a ouvert les fenêtres du bas.

On ne va plus en haut.

 

L’eau qui coulait guérissait les yeux

Vous montez c’est 20 mètres à gauche

Plus personne n’y passe

Des brouillasses

Des broussailles

Plus personne n’y passe

A demi-tarie sans doute

 

Mes yeux je les y mènerai

Mes yeux

Mes yeux vous coulez

Vous coulez donc ?

Je vous dis qu’il est là. Il vient sur le pas de la porte. Ils sont 3 et mon cousin. Il dit Au revoir A bientôt

Il fait beau

Début juillet

Il est beau il est là dans mes yeux

Le fontaine peut s’être tarie il est là

 

Ne te tarit pas fontaine

Si un jour mes yeux s’aveuglent

Je monterai encore

20 mètres et c’est à gauche

 

Chien noir chien blanc tenus en laisse

Elle passe la vacancière

Et tournent les martinets

Et claque l’agrafeuse

 

Un petit vent doux me ramène ici sous la halle

On y avait mangé debout

La nourriture à même l’estrade

Le trio avait joué des danses

La petite flûte menait le bal

 

Les couples les connaissaient bien ces danses

Pas symétriques puis de conserve

Avec de brusques retours

Même avec un déambulateur on danse

Ou bien à 3 petits copains

 

La fête du village

Pasos et mazurkas

On avait bien couru grimpé joué sué

On se collait contre l’orchestre

Les vibrations plein le corps

 

Où es-tu toi qui n’étais même pas soldat ?

 

L’inondation - la rue un torrent - j’ai ouvert cette porte-ci et cette porte-là –pour qu’elle passe cette eau – l’eau de mes yeux – qu’elle ne reste pas là – l’humidité dans les murs – qu’elle ne reste pas là

 

L’HUMIDITE S’EST FOUTUE DANS LES MURS

 

J’ai rien pu y faire –la maison était inhabitée –les murs se sont foutus par terre

 

Et puis le feu

 

On m’a dit que l’homme-plume…

 

Oiseaux martinets perruches

Dites dites dites !!!

 

J’ai mis le chapeau, les lunettes noires

J’ai pris le déambulateur

Jusqu’au banc devant la maison

Briquet récalcitrant

Enfin ma pipe fume

Sonnent les 10 coups au clocher

Deux femmes sous la halle. Qu’écrivent-elles sans lever les yeux, leurs yeux secs d’estrangers

L’homme bâtit toujours coups de marteaux sur la pierre

Les sculpteurs avaient sculpté deux petites têtes à l’arrière de l’église

 

L’as de pique, celui-là

Non pas celui des parties de carte

Je ne veux pas y penser

Ils sont tous partis

Ils sont tous partis

Je reste au soleil

Banc de mes ancêtres

Foutue humidité dans les maisons

Elle me parle ma blanche femme

Elle me parle de là-bas

Elle se penche par la fenêtre, derrière mon épaule

Elle parle fort

On est sourds

Pas d’eau à la fontaine pour mes oreilles

Parle parle parle

Parle que tu parleras

Cause toujours

Je ne veux pas t’entendre

Je ne veux plus entendre

Qu’il n’aurait pas dû mettre ce ciment

Maintenant classé 19ème

 

Vous vouliez que sortent toujours les os des morts ?

Mangez la main de Saint Majan

Mangez-la la vieille recette

La vieille recette reçois-là

Bouffe-la

Manduque tes morts

Broie leurs os

Mets-les dans la terre

Des colombages

 

Broie leurs os

Ne les regarde plus jaillir du sol

Où tu t’agenouille chaque dimanch

Broie leurs os

Bois leurs os

Fais-en un potage avale-les

 

Et travaillle

Traverse le temps envoie-les au ciel

Fais-moi mal Johnny

 

Cette douleur

ce feu

les sorcières au bûcher

et les incrédules

 

Vous ne croyez pas ce que je vous ai dit ?

Cette douleur, ce feu

Encore encore contre l’humidité

 

Non la Save ne montera plus jusque là

L’as de pique garde la piscine

Les 4 as

Qui a eu cette idée idiote ?

Ils sont partis, ceux de la belote

Restent les 4 as

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans TEXTES DE MARTINE R

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