MartineM Alors quand on lui a proposé
Alors, quand on lui a proposé d’être maire, ben il a dit oui, oui parce qu’il y a une dette conséquente dans mon village où je suis né, parce qu’il est né dans la maison à côté, je suis né au pied de la cathédrale, et je veux pendant mon mandat, si je suis maire, je veux effacer la dette.
Moi je me rappelle, à l’école je n’étais pas illustre, en math j’étais fort, en problèmes je les avais pratiquement toujours justes, j’a passé deux ans à l’école supérieure à Mirande, à la déclaration de guerre l’école ne prenait plus de pensionnaires, je suis retourné à Lombez. J’ai arrêté parce qu’en 39, j’avais à l’époque 16 ans, 15 ans, on m’a demandé si je voulais, j’avais un oncle qui y travaillait déjà à la coopérative, les deux boulangers ont été mobilisés, on m’a demandé si je voulais aller aider pour travailler à la boulangerie. Finalement, j’ai travaillé 6 ans à la boulangerie.
La politesse, à l’époque il y avait beaucoup de vagabonds, on appelait ça trimarder. Hein, les vagabonds à l’époque, on les appelait des trimardeurs… Ah oui, ben maintenant, y en a plus. Y a des sans domicile fixe. Ma pauvre, nous, quand l’instituteur était à l’école publique, et puis qu’il nous voyait faire, on pouvait croiser un trimardeur sur le pont ou n’importe quoi, hé bé il fallait dire « bonjour monsieur », sinon le matin vous étiez déjà puni, je vous le dis. Vous receviez une paire de baffes. C’était une autre époque.
Il y avait un respect de, je sais pas moi, de…. Tout a changé. Mais enfin il ne faut pas… faut évoluer, puis c’est tout.
Et à l’époque avec 80 kgs de blé il y avait 60 kgs de pain. Maintenant avec 5 kgs de farine qu’est-ce qu’ils font comme pain…
A l’époque, je me rappelle, je m’étais piqué, et au lieu que le pus sorte, il longeait l’os. Je suis allé voir donc le docteur Reynaud, qui a été tué là…., il me dit, le pus au lieu de sortir il descend le long de l’os donc ça te fait mal. Il m’emmène dans un recoin, il te m’a foutu une balafre, là, un coup de bistouri, il y a mis du liquide, il me l’a nettoyé ; il m’a fait un pansement. Alors je lui ai dit combien je vous dois, docteur ? Hé, il m’a dit, je sais ce que c’est d’être jeune, va te promener. Allez trouver ça un docteur comme ça maintenant ! On était vite guéri ; ça fait rire maintenant. Maintenant tout est dans le pognon. C’est l’argent. Tandis qu’autrefois, ce n’était pas ça. On rendait service d’abord. Maintenant on a la contrainte de l’argent. Tandis qu’autrefois, on rendait service. C’était quand même plus humain.
[Mon mari et moi, on s’est rencontré à cause de la guerre] Dans les guidons du vélo, on mettait des papiers, que je portais à Meilhan ; c’était risqué mais à vingt ans on n’a peur de rien, eh ? Et moi, je faisais la navette entre le directeur de l’école des filles, l’abbé Gallo, et avec le général Reynaud pour transmettre ce qu’il fallait que je mette dans le guidon du vélo.
Une personne veuve de guerre, elle s’est attachée à moi, elle m’a donné… l’établissement.